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INTERVIEWS

25/02/11

GENS DE LA LUNE

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ACTUELLEMENT EN STUDIO POUR LA PRÉPARATION DE LEUR DEUXIÈME ALBUM, C'EST LORS DE SA MATINÉE DE REPOS QUE FRANCIS DECAMPS (CLAVIÉRISTE DE GENS DE LA LUNE) A ACCEPTÉ DE M'ACCORDER QUELQUES MINUTES DE SON TEMPS. ENTRETIEN AVEC UN HOMME CHALEUREUX ET DÉCALÉ, HEUREUX DE PARTAGER AVEC SES COMPATRIOTES BELGES L'HISTOIRE PEU COMMUNE DE SON UNIVERS. VOYAGE SUR LA LUNE DANS 3… 2…1… DÉCOLLAGE ! (ELODIE MARCHESANI)

Les Gens De La Lune sont nés en 2006-2007, mais le line-up a changé au fil des années… Parlez-nous un peu de la composition actuelle du groupe.

Le groupe représente pas mal de générations parmi nos cinq membres. Le batteur s'appelle Cedric Mells, il a 25 ans, c'est le plus jeune de l'équipage. A la guitare, nous avons Damien Chopard ; il a failli quitter le navire, pas pour des raisons musicales mais parce que, étant jeune, il avait peur de ne plus avoir assez de disponibilités pour le groupe. Mais en fin de compte, il s'avère qu'il se sent capable de gérer toutes ses activités ! Nous avons un nouveau bassiste qui s'appelle Farid Boubrit, il approche des 50 ans. Farid est issu de la scène rock régionale de la Franche Comté, cela fait des années que l'on se connaît et c'est ainsi que, suite au départ de notre ancien bassiste, il s'est proposé pour le remplacer. Au chant et aux percussions, nous avons Jean-Philippe Suzan qui a la quarantaine et qui est là depuis le début de la formation. Et puis au clavier, c'est moi, Francis Decamps qui suis le plus ancien. Voici donc la formation actuelle du groupe, celle qui vivra, je l'espère, le plus longtemps possible. Parce qu'il est vrai que plus on joue ensemble, plus il y a des affinités et mieux on peut évoluer dans notre musique.

Les chansons du groupe sont en quelque sorte des contes musicaux ; d'où provient le désir de partager cet univers si particulier ?

Moi je suis parti du principe que monter sur scène, c'était apporter du rêve aux gens. Notre principale tâche est de les divertir, de les amener à voyager tout en véhiculant des idées. En étant les photographes de la société dans laquelle on vit, on peut toujours faire passer les choses de différentes manières. Le rock progressif et symphonique amène cette chose, cette liberté de faire des chansons longues et donc plus particulières. Dans notre prochain opus, par exemple, nous n'avons que trois chansons de 5 minutes… Les autres tournent plus vers les 7-8 minutes ; notre prochain final en fait même 11 ! Je pense que c'est ça qui peut aider les gens à voyager. Maintenant, la musique est tellement dans des longueurs « 3 minutes 30 », on formate tellement les gens en les obligeant à écouter « ça » ou « ça », qu'elle est condamnée à être consommée. Nous, on essaie de ramener cette vision artisanale finalement… Cet horizon de partage et de voyage.

Vous voulez sortir du monde musical conventionnel en somme ?

Oui, tout à fait ! De toute manière, notre musique nous empêche d'appartenir à ce monde là rien que par son minutage. Tant mieux ! Je trouve qu'il faut de tout ! Attention, je ne suis pas contre la musique conventionnelle, bien au contraire, il y a de la place pour tout le monde mais je pense surtout qu'il y a un public pour toutes les musiques… Et ça, c'est le plus important : apporter le meilleur de nous-mêmes à celles et ceux qui n'appartiennent pas aux univers les plus connus.

Justement, plus que de la musique, Gens De La Lune nous propose à chaque concert un show scénique construit et magique… Pouvons-nous dire que le groupe flirte avec le théâtre ?

Je pense que, de toute manière, au moment où on monte sur scène, n'importe quel artiste qui a envie de partager sa musique avec le public joue un rôle. Ça varie de l'endroit où l'on se trouve, quand on monte sur une scène, on incarne un personnage qui, en tout cas pour ma part, amène les gens à voyager. Tous les autres membres du groupe ont aussi cette vision, cette façon de rentrer dans la peau de quelqu'un d'autre. Cela s'approfondit avec le temps, cette théâtralisation n'est pas organisée, attention ! On ne commence pas à créer des rôles en disant toi tu représenteras « ci », toi tu représenteras « ça », c'est plus sincère et instinctif. C'est vrai que ce n'est pas quelque chose de courant mais ce qui n'est pas courant est, selon moi, intéressant…

Vous avez sorti votre premier album en 2008 et présentez votre second opus ce moi-ci… J'ai entendu dire que chaque titre représentait une région ?

Le prochain opus des Gens De La Lune n'est que 1/10e du projet car c'est en réalité un « album concept » de dix représentations. C'est-à-dire que le CD  est basé sur un jeu, qui sortira plus tard et qui se passe sur la lune. On utilise, en effet, huit régions lunaires où l'homme a soit posé le pied, soit apporté quelque chose. Dans ces huit régions, à savoir la Mer de fécondité, Mer sérénité, de Pluie, … évoluent des personnages que l'on appelle les portiers et qui vont recevoir chaque joueur. Ensuite on réalisera - et ça c'est intéressant pour vous, les Belges, car ça fait partie de votre culture - huit BD et un roman qui relateront la vie d'un joueur qui va s'aventurer sur la lune.

Votre « album concept » naît d'une envie d'exporter votre univers ?

Je pense que, actuellement, la musique ne se suffit plus à elle-même. Les artistes font des clips et des tas de choses et comme nous, avec notre style on a la possibilité de pouvoir s'ouvrir vers d'autres horizons, on avait envie de toucher les gens qui n'écoutaient pas forcément de la musique. Ca va leur permettre de s'intéresser un peu à nous. En tablant plus large sur cet album, ça nous lance un énorme challenge… Et on est parti pour le réaliser, on travaille dessus à fond ! Donc oui, tout cela a été fait dans le but d'exporter notre univers mais aussi pour créer une sorte de puzzle. Car le jeu, en rapport avec la musique, permettra aux gens de gagner des extraits de l'album pour obtenir au final l'oeuvre unique. Et il est impossible qu'une personne qui joue seule, parvienne à gagner.

C'est un avis personnel mais, je trouve que le sport pousse plus facilement à la compétitivité que la musique, qui amène les gens à coopérer. Ce jeu a-t-il été réalisé dans cette optique-la, dans cette envie d'amener les gens à se tendre la main ?

Oui tout à fait, c'est un peu une vision de notre société. Parce que celle-ci elle va vers l'individualisation : les gens sont de plus en plus amenés à vivre seuls. D'ailleurs, l'histoire du roman débute en 2145 et le personnage vivra dans un monde entièrement individualisé. C'est de la fiction, et j'espère que cela restera de la fiction - je ne serai plus là pour le voir - mais c'est-à-dire que les hommes sont amenés à vivre totalement seuls et quant ils se reproduisent, par exemple, il n'y a aucun contact. Ce personnage, lui, va recevoir une invitation à jouer sur la lune et fera donc tout ce chemin dans des régions où on rencontre des personnages loufoques. Des personnages un peu semblables, si l'on doit faire une comparaison, à ceux de Tim Burton. C'est donc à la fois très divertissant et très sérieux puisque les gens se rendront compte par eux-mêmes qu'ils vont devoir compter sur les autres joueurs si ils veulent  remporter le jeu.

On connaît un line up commun à Ange et aux Gens De La Lune, quelles autres similitudes ou au contraire grandes différences pouvons-nous faire entre les deux formations ?

Je vais parler de ce que je connais de Ange, de la première formation du groupe puisque j'en ai fait partie pendant 25 ans… Je n'ai pas cherché réellement à faire un groupe qui a une structure semblable à celle de Ange. Mais tout simplement, les gens attendaient cette musique là de moi. Parce que, quand j'ai fait mes cinq albums solo, j'ai volontairement quitté cet univers musical pour arriver à d'autres choses. Puis, je me suis vite rendu compte que le public avait une certaine demande, c'est pourquoi je suis revenu à mes premiers amours en disant « je refais un groupe, je redonne à nouveau un sens à une aventure ». Mais, je le répète, je n'ai pas essayé de refaire un groupe dans la lignée de Ange. Certaines personnes disent, en écoutant Gens De La Lune, « on dirait le Ange d'avant » ce qui est normal puisque je cherche tout simplement à être moi-même et à amener cette musique que j'ai toujours aimé créer. Ceci, je l'ai fait à l'époque d'Ange pour 80 à 90 % des titres, musicalement parlant, et à présent je le fais pour Gens De La Lune. Donc concrètement, je vais dans la direction du public, qui attend ça de ma part. Puis tu sais, j'ai bientôt 60 ans, j'ai envie de vivre une dernière aventure de groupe intensément, parce que je n'en ferai plus 15 000. Et pour tout te dire, le Ange actuel, je ne le connais pas ! Parce que j'estime que, quand on divorce, on ne va pas forcément s'intéresser à ce que fait son ex-conjoint (rires). On a terminé une histoire, clôt une aventure pour passer à autre chose et moi, c'est ce que j'ai fait donc je ne peux pas comparer nos deux groupes et parler de ce que je ne connais pas. Mais pour ce qui est de l'ancienne formation, c'est vrai que les gens peuvent retrouver des similitudes au niveau des compositions.

Nous avons déjà eu la chance de vous accueillir en décembre 2009, gardez-vous un bon souvenir de la Belgique et de la région ?

Ah ben oui ! On ne peut pas avoir de mauvais souvenirs en Belgique, c'est impossible ! La dernière fois qu'on est passé à Arlon, c'était un énorme souvenir parce que le lendemain, on a subi une importante tempête de neige. Du coup on a été rapatrié chez des fans en France, du côté de Longwy, et on a passé un dimanche à part, imprévu. Et puis on a trouvé que la salle de l'Entrepôt était excellente ! Je veux dire par là que le public était très bien. Disons que les gens qui se battent encore pour ce rock-la sont plus présents en Belgique qu'en France. J'ai l'impression que chez nous, le rock progressif est plus marginal. En tout cas nous avions été bien accueillis et puis on sent qu'il y a toujours des gens qui s'intéressent à notre style, et c'est tant mieux ! Car c'est une musique riche, qui n'est pas vraiment bien acceptée par les médias français car ceux-ci sont plus attirés par le rock dit « commercial ». Il faut aussi comprendre l'époque, le mouvement des jeunes qui en ont ras-le-bol d'entendre des chansons kleenex et qui préfèrent des chansons plus construites. Et je trouve qu'en Belgique, ne serait-ce que par des salles comme celle d'Arlon, s'il y a encore de la place pour cette musique, c'est qu'il existe un public fidèle…

Un grand merci à Francis Decamps pour cet entretien enrichissant et rendez-vous le 5 mars à l'Entrepôt pour soutenir les Gens De La Lune !

http://www.gensdelalune.fr/ / http://www.myspace.com/gensdelalune

Entretien réalisé par Elodie Marchesani

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Post? par losange

FOCUS:

Francis Décamps est clavier et co fondateur du groupe français de rock progressif ANGE de 1970 et 1995. (…)

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