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28/04/10

DIG UP ELVIS ! + SUMMERSLAM

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ENTREPÔT - VENDREDI 12 FÉVRIER 2010 EXCEPTIONNEL! PEUT-ÊTRE POUR LA PREMIÈRE FOIS DANS L'EXISTENCE DE L'ENTREPÔT, QUELQUES FANS – VOUS NE ME TAXEREZ PAS DE MISOGYNIE SI JE PRÉCISE « FANETTES » - SE SONT PRÉSENTÉES PLUS DE 3 HEURES AVANT LE DÉBUT DU CONCERT, ATTENDANT IMPATIEMMENT DEVANT LES PORTES DE LA SALLE.

La raison ? Dig Up Elvis, groupe de rock français créé en 2002, possède parmi ses membres un certain Julien Doré. Julien qui ? Ah ouais, je crois que j'en ai déjà entendu parler, à la télé ! Le gars qui chante Lolita ! Comment ne pas le connaître? Dès lors, autant pour les fans que pour les détracteurs, l'attente est tendue : à vrai dire, personne ne peut prévoir ce qui va se passer. Un vrai artiste, un compositeur hors pair, ou un usurpateur, juste capable d'originaliser quelques reprises? Pour couronner le tout, une vague rumeur circule parmi le public typé Rockhall : le Doré en question aurait des problèmes de santé...

SUMMERSLAM

Les pop-rockeux arlonnais débarquent sur une bande sonore de film, puis sur un de leur titre en anglais : « That Sound ». Le ton est donné, il est enjoué et mélodique. Ce qui est agréable, avec les SummerSlam, c'est qu'on les sent constamment en évolution. Il suffit d'entendre la voix plus assurée d'Elodie Marchesani et la structure plus carrée du bloc basse-batterie pour s'en apercevoir : depuis la dernière fois qu'on les as vus, il y a du changement, un souci de perfectionnement chez l'ensemble de ces quatre musiciens qui finira par payer.

Et qui paye déjà : le groupe accroche sans aucun problème le public présent. A la fin de l'acclamation à l'issue du premier morceau, des gens du public lancent un chant d'anniversaire à Tristan, le batteur : tout pour que tout se passe dans une excellente ambiance, et ce n'est pas l'attitude scénique du groupe qui me contredira : le set est peaufiné, d'un peu tendus au départ, les musiciens s'affirment et dégagent rapidement l'envie et l'enthousiasme, en plus de compositions ambitieuses et efficaces. A vrai dire, ce sont ces points précisément qui me plaisent chez les SummerSlam : sur scène, cela fait d'eux des musiciens appliqués, passionnés et contagieux. Entendons nous bien : ce qui s'écoute ici ne rejoint pas les hautes sphères du pop rock belge, on entend ça et là quelques notes foirées, des assises mal assurées qui donnent parfois (mais rarement) l'impression que le groupe pourrait être un rien plus en place. Mais bordel, ces gars là ne sont même pas majeurs, ils débarquent tout droit de leur quotidien d'étudiants en humanité et proposent déjà un univers alléchant, qui leur est propre et qui s'améliore de jour en jour. On ne les excusera pas pour leur jeune âge, finalement, qu'ils se démerdent, ils sont suffisamment intelligents pour palier à leurs petites imperfections. La voix d'Elodie, par exemple, s'affirme moins efficacement lorsqu'elle reste dans les graves. Ou est-ce tout simplement une question de goût, de mon goût ? Quoiqu'il en soit, oubliez ça, la prestation était bonne, on y voyait Clément décliner ses riffs avec passion, s'agenouillant parfois, bondissant ensuite, avec un plaisir qui, justement, fait plaisir à voir, on le voyait chanter et donner la réplique à sa comparse via un mégaphone témoignant encore une fois de l'application de ces musiciens à rendre leur show parfait, on y entendait Tristan dans des breaks et petits soli de batterie qui attestent de ses nets progrès, suivis par la basse de Nathalie, irréprochable tout au long du concert.

La plus grande réussite de ce concert fut son rythme : dans un souci de proposer un set au meilleur de leurs capacités, les musiciens semblent avoir cogité durement sur l'enchaînement de leurs morceaux, ainsi, moments plus calmes et plus soutenus se répondent efficacement, et en fin de concert, on assiste même à quelques « riffs surprises », qui je pense ne bénéficient pas encore d'enregistrement studios mais qui furent du meilleur effet. En plus de combler un blanc entre des morceaux, ils ont dynamisé la prestation et préservé son intensité jusqu'aux dernières gouttes, délivrant ainsi par surprise un excellent « Génocide » - selon moi la meilleure composition de SummerSlam – dont les riffs dynamiques et implacables se marient si délicieusement au jeu des voix.

DIG UP ELVIS !

Les craintes s'effacent : Julien Doré a effectivement souffert du froid et ne sera pas au maximum de ses habilités vocales, mais les Dig Up vont jouer. Des backstage, on entend que son état de santé semblait pourtant problématique : peut-on donc ici saluer le dévouement de la jeune idole ? Les vivas pleuvent lorsque le groupe entre sur scène, d'abord le batteur, puis le bassiste, puis le Julien Doré, puis l'autre guitariste. C'est bien : le public ne gueule pas « Julien, Julien ! », mais bien « Dig Up !, Dig Up ! », et en effet, il y a d'autres gens dans les Dig Up  : Guillaume de Molina (guitare électrique), Linsay (voix), Tiste Homo (batterie) et Julien Francioli (basse) et quand enfin le quintet déballe ses premiers riffs, on s'éloigne de la variété pour aborder un rock lourd, garage, rappelant autant le Desert Rock que le cambouis.

Fin du premier morceau : étonnés, certains septiques (dont moi) se regardent et se disent « tiens, c'est pas mal, en fait », et non, c'est pas mal, en fait. Le groupe ne privilégie pas uniquement  l'efficacité, les morceaux s'étendent parfois sur de longues structures (« Melodrama in Helsinki », « Castelbajac ») qui accentuent la rudesse et la lourdeur des mélodies. Ces compositions atteignent un réel bonheur lorsqu'elles se rendent hypnotiques, une sorte de post rock ancré dans l'Ouest américain, rappelant la lancinance des Queens of the Stone Age. Les autres (« Bach Rickenbacker », « Glavolution »), plus rapides, misent beaucoup plus sur l'efficacité du garage rock huileux et transpirant. On regrette que le chanteur ne puisse développer les vocalises déstructurées qui emplissaient les enceintes de nos petits écrans lorsqu'il faisait le mariole en compagnie de ses petits copains Manœuvre et Manoukian : il y a le problème de santé, mais il semblerait que le phénomène soit… Plus « sérieux », moins jouette, moins racoleur. Moins maniéré, aussi. Quoiqu'il en soit, sa présence et son assurance scéniques sont incontestables : le frontman capte l'attention, il dégage un charisme impressionnant et comme dirait l'autre, il a les yeux revolvers et le regard qui tue. Les compositions se succèdent, « Castelbajac », « Bach Rickenbacker », « Glavolution », pour ne citer que celles que je connais puisqu'elles se succèdent aussi sur le myspace. Leurs riffs sont simples, appuyés mais basiques, ce qui pourrait passer pour un défaut si les arrangements n'étaient pas si bien réussis et si elles ne bénéficiaient pas d'un tel appui vocal, même diminué. Le groupe entame une reprise enjouée du « I need Someone » de nos chers Sharko, cela ne surprend pas, mais on peut s'interroger : alors que, télévisuel, le cross over entre ces deux artistes semblait amusant et anecdotique, on s'aperçoit qu'il y a peut-être une réelle influence, que ces deux groupes ne se ressemblent pas uniquement par leur ukulélé et leur attitude déjantée, mais aussi par leur sensibilité. Julien parle peut, mais il a une belle répartie, sachant recadrer les excès du public par quelques remarques aiguisées mais amusantes. Le set n'est pas très long, mais bénéficie tout de même d'un rappel, hélas, il s'agit d'un morceau déjà joué ce soir.

Un bon concert, donc, pas exceptionnel, pas aussi déjanté que ce à quoi on pouvait s'attendre d'un tel personnage. En fait, une prestation humaine, d'un groupe qui défend chèrement des compositions amatrices, pas extraordinaires mais joliment interprétées. Pas de Lolita, pas d'excès, une prestation rock n'roll carrée, d'influence beaucoup plus anglo-saxonne que franchouillarde. Certes, on peut regretter le fait qu'un seul nom fasse rappliquer les foules alors que finalement, les Dig Up Elvis ne possèdent pas beaucoup plus qu'un bon et expérimenté groupe local. Mais on se trompera : ce que l'on doit regretter, c'est qu'habituellement les bons groupes locaux ne rassemblent pas plus de monde. Car, m'sieur dame, il est tout à fait possible de vivre des spectacles aussi bon tout au long de l'année, même si tous leurs auteurs ne sont pas labélisés « Nouvelle Star »…

Photographies : Pascal Jouniaux

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Post? par Nicolas