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INTERVIEWS

23/07/10

MICKEY [3D]

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FLORANGE, CHOUETTE SALLE JUSTE DE L'AUTRE COTÉ DE LA FRONTIÈRE FRANÇAISE. QUELQUES DIZAINES DE MINUTES AVANT SON "PASSAGE À LA PASSERELLE" (J'AI PAS SU RÉSISTER), J'AI RENDEZ-VOUS AVEC MICKAËL FURNON, TÊTE PENSANTE DE MICKEY 3D - OU, COMME IL FAUT LES APPELER DEPUIS LE CHANGEMENT DE LINE-UP, MICKEY [3D]. VÊTU D'UN T-SHIRT ROSE IMPRIMÉ "JE SUIS CONNE", L'ARTISTE NE SE FAIT PAS ATTENDRE ET ME REÇOIT AVEC CHALEUR ET GENTILLESSE. CONVERSATION DANS LES LOGES AUTOUR D'UN NOUVEL ALBUM, D'UN NOUVEAU GROUPE, DE L'ENFANCE ET D'UN PLAYMOBIL.

Salut ! Salut !

Tu te présentes pour cette tournée et ton nouvel album “La Grande Evasion”, avec un nouveau nom, qui en fait est toujours le même : MiCkey [3D]. Quelle en est la raison ?

Oui, c'est toujours le même nom, parce que… Et bien, c'est mon nom, quand j'ai créé le projet Mickey 3D, j'étais tout seul, en 96. Après, on a été deux, trois, quatre. Là, l'équipe de musiciens a changé. Avec le temps, avec les autres, on ne se voyait plus, enfin bref. J'ai fait mon petit disque solo, ma petite tournée en solo, puis j'ai rencontré d'autres musiciens. Et après avoir enregistré ce nouvel album, je me suis rendu compte que c'était toujours du Mickey 3D, c'est-à-dire mes chansons, que j'ai écrites, composées, interprétées mais partagées avec des musiciens. J'ai donc essayé de mettre les petites parenthèses autour du « 3D » pour montrer typographiquement que ce n'était pas tout à fait la même histoire, mais que c'était toujours Mickey 3D, mon projet.

Ces nouveaux musiciens, comment les as-tu « recrutés » ? Les connaissais-tu avant, était-ce des amis ou était-ce un casting ?

Je fonctionne pas mal à l'humain et à la rencontre. J'avais découvert une chanteuse qui s'appelle Cécile Hercule, sur internet. Parce que je suis assez curieux, je vais toujours fouiller sur internet pour écouter de la musique, pour ça c'est très pratique. Elle m'a envoyé ses maquettes, et on est restés en contact. Un jour, je lui ai dit que j'aimerais l'aider à enregistrer son premier disque, donner un coup de main. Donc, je me suis retrouvé en studio avec elle et ses musiciens, on a travaillé sur son premier album. On s'est tous très bien entendus, donc après ça, assez logiquement et naturellement, je leur ai demandé si ça les intéressait aussi de travailler sur mes chansons. On a répété ensemble, on prend beaucoup de plaisir et puis on donne des soirées un peu spéciales, originales, parce que Cécile et ses musiciens font la première partie, après ils me rejoignent sur scène, donc c'est un peu original. On se demandait comment le public allait voir ça, mais comme nous, on y prend beaucoup de plaisir, je pense que les gens le ressentent. Ça rend une ambiance un peu « famille ».

A l'image du titre « La Grande Evasion », est-ce que ce nouveau groupe t'a permis de sortir de certains automatismes, de certains carcans, et de bénéficier de plus de liberté dans la composition et les arrangements de l'album ?

Je travaille toujours comme avant. Je commence tout seul à la maison, puis je finis avec des musiciens en studio. Mais au niveau de l'écriture, c'est plutôt la tournée solo qui m'a influencé. J'ai écrit sur la route, ce que je ne faisais jamais lorsque j'étais en groupe avant. Sur la route, tout seul avec ma guitare, j'ai été plus inspiré. Ça m'a un peu ouvert des champs d'écriture différents : avant j'étais pas mal dans le social, la chanson citoyenne, un peu revendiquée, la chanson « engagée », comme aiment bien dire les journalistes. Là, j'ai plutôt eu envie de m'évader, c'est pour ça que le disque s'appelle « La Grande Evasion ». J'ai eu envie de partir de faits un peu autobiographiques, et de faire de la fiction autour, inventer des petites histoires, s'inventer des petites vies dans sa tête, un peu comme font les acteurs quand ils font un rôle, je trouve que ça fait du bien de sortir de soi tout en allant quand même fouiller à l'intérieur. C'est un autre « truc », qui m'a bien plu.

Merci ! C'est drôle, parce que c'était une de mes questions, et même la suivante : « Même si on reste dans la chanson à texte, « La Grande Evasion » sonne plus personnel, moins social que les albums précédents. Une raison à cela ? », et bien ça y est, c'est fait.

Voilà, j'ai répondu à deux questions en même temps. J'arrive même à anticiper. T'as vu, je suis fort !

Oui, en effet… Du coup, je passe à la suivante. L'univers de tes compositions évoque souvent celui de l'enfance.

Oui, l'enfance, l'adolescence.

J'ai l'impression que c'est encore plus le cas sur cet album. On entend des chœurs d'enfants, il y a plus de part à l'imaginaire qu'avant, également. C'est quelque chose qui vient naturellement, ou est-ce que tu considères cette association entre naïveté et gravité comme un concept ?

Et bien les deux, en fait ! C'est-à-dire que j'aime bien le concept de partir de cette naïveté de l'enfance, l'insouciance, pour regarder le monde et expliquer les choses avec des mots et des idées assez simples, aller directement à l'essentiel. Je pense aussi que je suis un nostalgique de l'enfance et de l'adolescence, que j'aime que ça ressorte aussi. Je pense qu'il faut que l'on garde tous un petit peu ça en nous, c'est important de ne pas devenir trop adulte. Je pense aussi que cela vient du fait que je fais un peu ma psychanalyse en musique, depuis des années, donc ça ressort aussi. C'est ma façon à moi de ne pas aller avoir de psy, et c'est pas plus mal.

Dans la continuité de cette question, tu sembles doué pour l'univers des enfants, tu en parles facilement, tu leur parles facilement, comme dans des chansons comme « Respire » ou plus récemment « Méfie-toi l'escargot ». Comme tu viens de le dire, tu sais aussi adopter leur point de vue pour raconter des histoires. Est-ce que tu n'as jamais envisagé de te diriger carrément vers la chanson enfantine ? Produire des spectacles et des chansons pour enfants ?

Alors, produire des spectacles et des chansons pour enfant… On m'en parle souvent. Pour faire ce qui existe déjà, non. Mais pour faire un disque où ce serait la thématique, je veux bien, mais les chansons ne seraient pas forcément autant… Je commence à y penser, j'ai des chansons qui se rapprochent de ça parmi mes nouvelles compos. Mais elles sont toujours dans mon univers, ce ne sont pas des chansons qui font « un et deux, et na et trois, etc » (il mime un genre de clown), ce sont des chansons qui vont parler d'un gamin qui se retrouve au milieu de guerre, par exemple. Mais j'ai peut-être l'envie de faire un disque, de regrouper des chansons qui se passeraient autour de l'enfance, mais à ma façon à moi.

Parce qu'il y a pas mal d'œuvres, qui sont à la base conçues pour les enfants, mais qui parlent aussi aux adultes.  Je pense à certains dessins animés 3D, qu'on peut voir à des niveaux différents, ou bien à la littérature, comme Saint-Exupéry, mais avec toi, on ne se situe pas vraiment là-dedans.

J'ai toujours aimé, et je crois que les enfants aussi, les trucs qui plaisaient aux deux. J'ai été marqué à fond par des vieux films comme « L'Assassinat du Père Noël », des trucs qui se passent dans la neige, « Les Disparus de Saint-Agil », qu'on voyait à Noël quand on était gamins, des vieux films en noir et blanc qui datent même de l'enfance de nos parents. Ce sont des sujets un peu graves, qui plaisent autant aux grands qu'aux petits, même si parfois ils abordent la mort, l'assassinat du Père Noël, la peur, tout ces trucs là. Ce sont des sentiments qui me plaisent bien en chanson, et qui plaisent autant au grands qu'aux petits aussi. J'aime bien ça.

Contrairement aux albums précédents, il n'y a pas de titres vraiment rock sur La Grande Evasion. Est-ce que c'était prémédité, ou est-ce qu'il y en a eu mais qui ne se sont finalement pas retrouvées sur l'album ?

Non non, c'est parce que j'avais moins envie de ça, j'ai pas eu envie de brancher la guitare électrique pour ce disque-là. Je ne sais pas si ça reviendra, pour l'instant je n'en ai pas envie. Su scène on est un peu plus pop, folk, chanson, et beaucoup moins rock. C'est peut-être la quarantaine, qui me fait ça, j'en ai pris pas mal dans les oreilles depuis quinze ans. J'en ai écouté, du rock qui faisait mal. Ces temps-ci, j'ai envie d'un petit peu de calme. Peut-être que ça reviendra, dans un an, rebrancher les guitares, je ne sais pas. Mais pas pour l'instant.

D'accord. Je vais parler d'une chanson en particulier, une chanson qui s'appelle « Playmobil », qui est sur le dernier album. Est-ce que le petit garçon a réellement existé ?

C'est-à-dire, que… On en revient encore à l'histoire de l'enfance. Tout le monde me dit, cette chanson que tu as faite, tu parles de Sarko, le président, « quand je serai grand, je serai président », l'histoire d'un enfant un peu insupportable qui aimerait bien être président…

Disons qu'il y a de quoi y penser quand même.

Oui, il y a de quoi y penser, mais je n'avais pas envie de faire une chanson « Sarko, salaud, le peuple aura ta peau… », j'avais envie que ce soit une réflexion. Sur ce disque, il y a une ou deux autres chansons, comme ça, dont une qui s'appelle « L'homme qui prenait sa femme pour une plante », j'avais envie, moi, d'être dans la réflexion, et que la personne qui l'écoute le soit également. Que ce ne soit pas, comme d'habitude, une critique ou un truc comme ça, et là j'avais envie de réfléchir sur ce que pouvait être l'enfance d'une personne qui veut devenir chef des autres. Pourquoi ? Il y a forcément des trucs, des traumatismes. Je voulais évoluer dans cet univers là, en laissant le truc en suspens, chacun s'imagine ce qu'il veut. Je trouvais ça plus intéressant que la chanson critique simple.

Je voulais revenir là-dessus car je me suis fait la réflexion, en écoutant le morceau, qu'il pouvait être considéré comme subversif. Parce que c'est une analyse, toujours avec ton ton et ta manière de parler, mais qui pouvait tomber très juste. En tout cas, moi j'ai pensé à Sarkosi, c'est vrai. Mais d'un autre coté, il y a beaucoup de chansons qui font référence au gouvernement français, entre guillemets engagées, mais je les sens moins subversives que la chanson que tu as faite.

Ouais, parce qu'après ça touche à l'intime, ou je ne sais quoi. C'est peut-être un peu subversif… Je ne sais pas, je ne me pose pas la question en fait. J'essaye toujours de faire les choses un peu différemment, de ne pas tomber dans des redites. Je n'ai pas envie de faire une chanson qui va être comme « Respire », de faire une chanson qui va être comme-ci… J'essaye toujours de trouver d'autres idées, d'autres points de vue, d'autres angles… Après, je ne sais pas comment on peut le ressentir ou pas. Mais c'est mon truc à moi.

Bien. On trouve souvent des collaborations féminines intéressantes sur tes chansons. Il y avait Naja avant, il y a maintenant…

Cécile Hercule.

Voilà, exactement. Il y a eu Jane Birkin, aussi… Quels sont les duos masculin-féminin que tu préfères ?

Masculin-féminin ? J'aime bien quand la voix est très haute, comme Gainsbourg, quand il faisait des trucs avec Birkin. C'était chouette, parce que lui avait une voix très basse, et elle une voix très haute. Lui avait un peu cette voix de mâle, bien mâle, et puis elle une voix de femme enfant… C'est pour ça que j'ai eu envie de faire des duos avec Cécile ou Naja, parce qu'elles ont ce genre de voix, assez haute, assez douce. Je trouve que ça colle bien, l'un après l'autre, avec une voix un peu grave. Mais il y a plein d'autres duos que j'aime. Il y a un groupe qui s'appelle Arcade Fire, qui est un groupe canadien qui chante à deux, le mec et la fille, et ça fonctionne très bien. Entre autres, parce qu'il y a beaucoup de choses différentes.

Merci. Dernière question : quels sont les projets ?

Les festivals cet été. Et puis aller faire un petit tour au Québec, parce que j'aime bien aller jouer là-bas, les gens sont sympas. Puis pourquoi pas quelques collaborations, avec d'autres artistes, même si c'est un peu un suspens. Et puis j'écris toujours des chansons, j'ai des maquettes, pour pourquoi pas faire un prochain disque qui pourrait tourner autour de l'enfance… Ou pas.

Ok, nickel. Merci beaucoup !

Merci à toi.

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Post? par Nicolas