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INTERVIEWS

13/11/11

KAWA DUB BAND

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CHEZ LE KAWA DUB BAND, ÇA DÉBAT. ET TANT MIEUX. LE GROUPE DE REGGAE/DUB S'EST FORMÉ IL Y A PEU À NAMUR ET NE COMPTE PAS EN RESTER LÀ. ILS ABORDENT AVEC NOUS LA QUESTION DU RASTAFARISME, DU SHOW BUSINESS ET DU VRAI SENS DU REGGAE. HORS INTERVIEW, LA DISCUSSION CONTINUE, ENCORE ET TOUJOURS. C'EST PEUT-ÊTRE CETTE REMISE EN QUESTION PERMANENTE, QUI RIME SOUVENT AVEC LE TERME DE "REGGAE CONSCIENT" QUI REND LE GROUPE ET SA MUSIQUE VRAIMENT PASSIONNANTS. COMPTE-RENDU DE LA RENCONTRE AVEC QUATRE MEMBRES DU BAND.

Pouvez-vous nous parler de la genèse du Kawa Dub Band?

Jayad (Batterie) : Kawa Dub, c'est la réunion de quelques musiciens Namurois qui viennent de plusieurs groupes comme One Falleh ou Soul Doctors. Un jour, j'ai eu l'idée de faire du vrai Dub/Reggae, j'en ai eu marre de jouer dans plusieurs groupes d'autres genres. En Belgique, il n'y a déjà pas tellement de formations du style et en plus, ils ne le font pas bien. Donc, j'ai contacté mes potes comme Nico et l'ancien bassiste et ils ont tous répondu à l'appel. Kawa Dub s'est créé comme ça : des potes Namurois qui se sont croisés par hasard, mais sur un même chemin, pour défendre leurs buts et avoir les mêmes convictions dans la musique et dans le reggae.

Kawa Dub vient de« Kawabib », « galaxie » en arabe. Est-ce que ça a une signification particulière pour vous ?

J. : « Kawabib » est un ancien groupe que mon père a créé au Djibouti et qui n'existe plus. Un jour, j'ai eu l'idée de ce nom-là avec mon bassiste. Lui, il a eu l'idée de couper le mot pour que ça donne « Kawa » et puis on a rajouté « Dub Band », ce qui donne « La bande de la galaxie Dub ».

Beaucoup de styles, comme le Rock, se plaignent du manque d'intérêt croissant du public à leur égard. Est-ce que vous ressentez la même chose ou au contraire, est-ce que vous êtes satisfaits de l'attention qu'on vous porte ?

Nico (Chant) : Parfois, j'ai l'impression que les gens ne comprennent pas ce que c'est que le reggae. Il y a certaines personnes qui disent que c'est toujours la même chose. Alors que c'est une sorte de flow. C'est vrai que c'est assez répétitif, mais il y a quelque chose de spécial dans chaque partie de la chanson.

J. : Quand on dit reggae, les gens pensent directement à la ganja et à Bob Marley, mais c'est pas ça qui le caractérise. C'est vrai que ça existe le reggae qui parle des femmes et de l'amour, mais le vrai reggae a été caractérisé par une opinion politique, une forte protestation politique. On dit que c'est une religion, un mode de vie, mais non, la musique des premiers rastas, c'est le nyabingi ! C'est après qu'ils ont rajouté ce rythme accéléré qui vient du Ska après le Rock Steady. Le reggae, ça doit rester le reggae et avoir son propre caractère partout. C'est ce que les gens oublient. Il faut que les gens comprennent son histoire et d'où il vient.

N. : Et qu'ils soient un peu plus attentifs !

Louis (Trombone) : Dans le reggae, tu dois plutôt écouter la basse et la batterie, c'est là qu'est sa richesse alors que dans le Rock c'est plutôt la guitare. C'est vrai que si t'écoutes le reggae, la guitare est répétitive mais l'accent est ailleurs.

Arnaud (Basse) : Les gens n'arrivent pas à entendre toutes les finesses que la basse peut apporter, ce qui est important surtout dans le reggae, vu que c'est un instrument qui est fort présent. Il y aussi tout un lien qui se crée entre le jeu basse-batterie et le chant. C'est un groove très particulier qu'on trouve dans cette musique.

J. : Les gens qui écoutent le reggae, c'est ceux qui savent écouter leurs battements de cœur, le nyabingi ça vient de ça. Boum boum. Boum boum. Tu écoutes ton cœur qui bat. C'est ça, le reggae.

Comment vous positionnez-vous par rapport au lien entre musique et rastafarisme ?

A. : Je ne suis pas du tout rasta, c'est plutôt du respect.

N. : Pour moi, c'est qui me tient debout, man ! Que ce soit Jah ou Dieu, je pense qu'il y a quelqu'un au-dessus et on doit parler en son nom. On doit se battre et faire attention à Babylone qui essaye de nous avoir.

J. : Le rastafarisme, pour certains, c'est un mode de vie. Pour d'autres c'est une religion. Mais par rapport au reggae, c'est leur façon de passer le message de Jah ou de Dieu à travers le reggae.

A. : Pas forcément un message de Dieu…

N. : Mais un message d'amour et d'unité ! Ça englobe tout !

J. : Il ne faut toutefois pas confondre le reggae et le rastafarisme. Il y a des rastamen qui croient au rastafarisme mais qui ne sont pas des reggaemen.

N. : Ils n'achètent même pas de radios, ils n'écoutent pas de musique.

J. : Voilà, ils disent que le reggae, c'est du satanisme. Ce n'est pas parce que tu écoutes cette musique, que tu fumes et que tu as des dreadlocks que tu es un rasta. Le rastafarisme, c'est trop fort, pour être vraiment dans cette religion, il faut déjà y aller ! C'est tout un travail en soi-même. Si on était des vrais rastas, on ne serait déjà pas ici en train de parler devant l'électronique qui est en train d'enregistrer. Ils sont contre ça. Moi, personnellement, je me considère plutôt comme un reggaeman que comme un rastaman. J'ai trop de respect pour eux que pour prétendre être des leurs. J'ai encore beaucoup de chemin à faire, comme tout le monde.

Que pensez-vous du paradoxe fréquent entre les artistes reggae qui se positionnent pour l'alter mondialisme et contre le système capitaliste dans leurs paroles mais qui, à côté de ça, s'engagent dans le business musical en signant sur des majors ?

A. : Ce sont des vendus sans âme, c'est tout simplement pour se faire de l'argent.

L. : Mais quand tu regardes Sizzla ou Capleton, ils sont dans le business mais ils ont plein de projets en Jamaïque, ils remettent la thune dans quelque chose de bien. Ils profitent bien du système et en plus, ils arrivent à se faire écouter un max parce qu'ils sont bien distribués. C'est la même chose pour des artistes comme Keny Arkana, qui sont aussi signés en maison de disque mais qui ne corrompent pas leur message pour autant.

A. : Elle garde le même message parce qu'elle sait bien que ça va toucher une certaine part de la population qui vont acheter son cd. Elle se sert autant du système qu'il se sert d'elle.

N. : Si des gens s'amusent à jouer avec le système puis après remettent les thunes dans des projets sociaux, ça ne me dérange pas. De toute façon, le show-business, à la base, si t'es pas connu, c'est lui qui te volera.

A. : Mais tu peux aussi faire de la musique juste pour faire de la musique…

N. : Oui, c'est avant tout une passion mais si l'argent est remis dans des causes sociales, je ne vois pas où est le problème.

L. : C'est comme Bob Marley, il était dans le show-business aussi, il se faisait plein de thunes, mais il alimentait sa communauté avec ça, il faisait vivre 5-6000 pauvres en Jamaïque, il leur donnait à manger et un espace où vivre. Et là, tu ne peux pas dire objectivement que c'est mal. Ça dépend de l'intention de l'artiste, en fait.

Niveau actu, il faut noter l'arrivée récente d'une choriste dans le groupe.

J. : On n'avait jamais eu de choriste. Quand on a eu notre nouveau bassiste et qu'on a décidé de ne faire que de la Dub (même si ça n'avait pas marché), Arnaud, a eu l'idée d'amener une choriste dans le groupe. Il nous a présenté Marine qui est devenue choriste du Kawa Dub Band.

A. : Elle m'accompagne quand même depuis pas mal de temps donc j'ai toujours eu l'idée de l'emmener dans mes projets avec moi. En dehors de ça, il y a aussi un claviériste qui vient d'arriver. Tout a changé au mois de juin, en fait, dans la formation de Kawa : Louis et moi sommes arrivés, beaucoup de choses ont changé.

L. : Les morceaux ont été adaptés en fonction des influences de chacun, en partant de la base des morceaux.

J. : Kawa Dub est en fait la réincarnation de Soul Doctors qui avait été fondé et géré par Nico, notre chanteur actuel. On s'est ensuite dispersés à gauche et à droite. C'est de là qu'est venue l'idée de rappeler tout le monde pour se réincarner et prendre la route encore une fois. Ça s'est fait comme ça.

A. : ça a été très vite, on s'est vite bien entendus musicalement, ce qui est quand même assez rare.

N. : Connection, man !

J'aurais pu vous demandez jusqu'où vous aimeriez aller dans la musique. Mais bon, maintenant, avec un peu de chance, de travail, les portes peuvent vite s'ouvrir. Donc je vous demanderai plutôt : jusqu'où seriez-vous prêts à aller ?

Kawa Dub Band (à l'unanimité) : Il n'y a pas de limites. Jusqu'à en faire notre métier.

L. : Même si en Belgique, c'est quand même chaud, il faut se bouger le cul. Mais dès qu'une opportunité se présente, on la prend.

A. : Il n'y a pas tellement de groupes de reggae non plus, donc il y a moyen. On est vraiment prêts à en faire notre vie.

J. : Mais ce qu'on devrait faire en priorité, vu que c'est un groupe Namurois, c'est percer toutes les portes qui sont coincées pour le Reggae à Namur. On est presque invisibles. Alors que pourtant, on a l'impression qu'on est encastrés. Je n'ai jamais vu un seul groupe de vrai reggae passer aux fêtes de Wallonie. Après avoir percé ces portes… on prendra le chemin vers Zion.

Merci aux membres de Kawa Dub.

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Post? par Quentin