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CHRONIQUES

19/12/10 

HOOVERPHONIC

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ALBUM: THE NIGHT BEFORE

En 15 ans de carrière, chaque album d'Hooverphonic a été une rupture par rapport au précédent.  De la trip-hop au rock en passant par la pop FM connotée jazzy, tout y est passé. Et pourtant, Alex Callier (bassiste et principal compositeur) ne s'est jamais planté dans des sorties de route ridicules. Le son labellisé Hooverphonic est reconnaissable entre mille et le grand Alex n'a plus besoin de prouver son don pour accoucher de mélodies transcendantes, voluptueuses mais jamais simplistes qui ont fait de son groupe une référence populaire jumelée au respect religieux de la critique « professionnelle ».  Mais « The Night Before » était un sacré cap à franchir. Parce que, comme tout le monde le sait, le groupe flamand a été amputé d'une grande partie de son âme, la belle Geike Arnaert, partie s'essayer à d'autres mélismes au sein de Dorléac, sa nouvelle formation. Qu'allait-il advenir du groupe ? Allait-il se laisser choir et pleurer pendant des années la perte de celle qui nous faisait frissonner sur « Eden » et autres « Vinegar and Salt » ? C'est sans compter le (très) fort caractère d'Alex Callier, qui a directement pris les choses en main en se mettant en quête d'une nouvelle voix pour ses compositions. Après des milliers d'heures d'écoute de démos reçues, il a enfin trouvé sa nouvelle muse, une des rares candidates qui n'est pas venue  « lui chanteur du Céline Dion », selon ses propres dires. Elle s'appelle Noémie Wolfs, a 22 ans et un passé musical néant. Autant vous dire que la curiosité quant au résultat nous titillait méchamment. Et qu'encore une fois, Alex n'a pas choisi la facilité. La première chanson à filtrer est l'éponyme « The Night Before », actuellement matraquée sur les ondes radio. Une chanson à la mélodie entêtante, très sympa, catchy et mystérieuse à la fois.  Noémie a une voix assez mignonne, plus espiègle que celle de Geike. La profondeur de tubes tels que « Mad about you » nous manque toutefois un peu…

On est loin de la tournée du « President of the LSD Golf Club », album signé sur un petit label (le groupe fut obligé de tourner dans des petits centres culturels, ne parvenant plus à remplir des salles plus conséquentes). On est de retour à Hooverphonic période grande scène de Werchter, passages sur NRJ et major. Pour le meilleur ou pour le pire ? Sans être le coup de cœur de l'année, le premier single attise plus intensément encore notre curiosité.

L'album débute sur « Anger never dies », bonne entrée en matière. Les puissantes cordes de l'intro contrastent avec la voix fragile de Noémie. Un titre taillé pour MTV Pop, encore une fois, mais va-t-on leur reprocher, si la qualité y est ? La voix semble parfois un peu eurovisionesque, nous restons donc toutefois sur nos gardes. « Heartbroken » démarre sur un couplet plein de suspense qui aboutit à un refrain un peu guimauve, dommage. Les violons sont très présents, voire envahissants, c e qui nous empêche de comprendre la sensibilité de la mélodie. La chanson s'arrête brutalement pour nous mener à « Norwegian Stars ». Le départ s'amorce, mais le décollage n'a pas lieu. Les parties vocales ont perdu toute leur sensualité, au profit d'un chant plus adolescent, une voix maîtrisée mais sans relief. Les premières mesures de « More » nous procurent un enthousiasme qui cette fois va se perpétuer. La mélodie est sublime et les montées en puissance sont plus délicates et moins racoleuses que sur les titres précédents. Il est d'autant plus facile de rentrer dans l'univers de cet Hooverphonic « nouvelle époque ».

                Un, deux, trois, on continue, on avance. Avec « One, two, three », titre plus rock, le groupe convainc sans impressionner. La guitare de Raymond est bien calibrée, les chœurs vernis de strass. On passe faire un tour dans le « George's café » au son synthétiquement harpé et aux cuivres enchanteurs. Un univers ici très cinématographique entre le dernier James Bond et Jim Jarmusch. Rien de bien innovant, mais rien de déplaisant non plus. « Identical Twins », fade sur les couplets, jouit toutefois d'une très bonne mélodie sur le refrain. Quelque chose qui n'est ni triste ni joyeux, ni faussement mélancolique, quelque chose entre la nostalgie sucrée, le retour de vacances et la chaleur du foyer. Un violoncelle vient caresser l'introduction de « How can you sleep », mais malheureusement, c'est horriblement incolore. Ça a encore moins de saveur qu'un slow d'Avril Lavigne. Désolé pour la comparaison, mais où sont passées les sublimes moments de grâce qu'on retrouvait sur les morceaux plus calmes de l'album précédent, par exemple ? Un grand raté. Une intro de guitare remplie de clichés « OO7 » démarre « Sunday afternoon ». L'euphorie aérienne nous emporte quelques fois mais seulement pour quelques secondes, trop peu. À l'image, malheureusement, de la majorité des titres de « The Night Before ». Un dernier espoir ? « Danger Zone ». La chanson la plus convaincante de l'album, très « Old-school Hooverphonic ». Notons que la meilleure chanson de cet album est celle qui se rapproche le plus de ce qu'ils faisaient auparavant, ça pousse à la réflexion... Pour les innovations, on repassera.

En fait, cet album n'est pas hideux. Évidemment, on attend beaucoup du groupe, tous les albums jusqu'ici nous ayant emporté dans leur univers magique. Et là, on reste sur notre faim. Parce que la voix de poupée Barbie de Noémie ne convainc que sur la moitié des titres, parce que sur trop de titres, Alex l'a joué marshmallow en tartinant ses mélodies (intéressantes à la base) d'une épaisse couche de confiture de violons qui rend parfois la subtilité de sa pop… écœurante. Bien que cette chronique semble décapiter Hooverphonic à la guillotine ultra-aiguisée, je continue à louer le talent d'Alex et des siens et j'attends beaucoup de leur premier concert à l'Ancienne Belgique, le groupe allégeant généralement ses chansons des arrangements débordants lors des prestations live. On attendra le prochain album, en espérant que la prochaine fois, l'album sera plus abouti et que Noémie aura élargi sa gamme vocale. En attendant, sit down and listen to Hooverphonic.

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Post? par Quentin