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CHRONIQUES

20/04/10 

JOY AS A TOY

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EP

Pas évident d'entrer dans cet EP, entamé par un « Disco Dog » étrange, un peu rude. Peu catchy, les premiers couplets laissent l'auditeur un peu froid, les voix qui les accompagnent ne sont pas des plus mélodieuses, semblant presque manquer d'inspiration. Perplexe, on reste néanmoins curieux. Parce manifestement, ces notes ne viennent pas des premiers venus. On devine que quelque chose couve derrière cette entrée en matière mitigée. La production est intelligente, ce rythme répétitif remplit petit à petit l'espace sonore et 

d'un coup, vers 1'45, tout bascule. Les sonorités s'élèvent, les effets parlent, le drap est levé : le monstre qui se cachait en dessous est psychédélique. On avait déjà senti le caractère progressif de cette musique avec ces délires soniques brefs, bruts et concrets, et pour peu qu'on se soit pris au jeu, ce revirement onirique, pourtant tout à fait dans la lignée des notes qui le précédaient, est tout à fait enveloppant. On en vient vite – très vite – à crier au génie, parce que les mélodies nous on fait une bonne blague : en fait, on les aurait qualifiées de basiques au début du premier morceau, alors que dans les minutes qui suivent, elles nous foutent la chair de poule et débarquent du meilleur de ce qui se fait en Belgique. Ouais, carrément. Aucun doute la dessus, et pas de frottement de manche, s'il vous plaît, mais alors quoi ? D'où ça vient, cette – chose, informe, bancale, cet univers instable et addictif ? Ce rock progressif tout sauf manchot, entre improvisation, math rock et blues si professionnellement maîtrisé ? Bref coup d'œil à la biographie, d'abord laissée de coté pour les à prioris : ah ben oui, on comprend mieux, monsieur ! Ce sont Gil Mortio (Attica, Mud Flow), Clément Nourry (Mrs Okkido, Alimentation Générale) et Jean-Philippe De Gheest (Attica, aMute, Auryn) qui composent ce trio atypique, fort singulier pour notre contrée.
J'utilise le terme singulier : je ne le pense qu'à moitié, je ne voudrais pas ignorer le fabuleux travail des groupes, par exemple, de chez Matamore ou du collectif Honest House. Mais c'est l'approche mélodique qui fait de cet E.P. un OVNI. On savait des groupes comme Mud Flow, Ghinzu ou Attica – ou beaucoup d'autres en Belgique – lorgner de temps en temps vers le rock progressif, surtout dans des fins de compos explosives ou de longues intros à la Sense of Me- Chemical ou Dragster Wave, mais de manière secondaire. Ici, on a la même qualité de mélodie que les précités, pas moins, mais avec une approche qui n'est absolument pas pop. Alors, plutôt que de reproduire la schizophrénie d'un Ryunosuke (dernier album en date de Mud Flow, superbe mais par trop alambiqué pour son public), Joy As A Toy se montre d'emblée débridé, ne se fixe comme limite que celle de son imagination et de son talent musical. Et heureusement, grâce aux expériences diverses et concluantes de ses membres, ceux-ci sont bien présents. Aucune concession donc, les chants sont aussi des cris, des interventions délirantes, les enchaînements et revirements sont nombreux et jouissifs, comme lorsque, en voyage, après un virage ou le franchissement d'un sommet, on découvre un nouveau paysage, tout à fait en harmonie avec ce qui le précédait mais qui pourtant nous ouvre des paupières encore plus grandes. C'est le cas avec la conclusion du deuxième titre « 12345 », c'est le cas tout au long de « Valparaiso », qui devrait être la plage titulaire du premier album de Joy As A Toy. L'enchaînement « Solitary Boy » et « Enjoy the Silence » pourrait symboliser cet EP, de pop à psychédélisme.

Joy As A Toy est une réelle surprise, qui sera évidemment qualifiée de grand n'importe quoi par certains, mais qui pourrait bien s'installer au statut de référence dans le rock progressif belge si ses notes atteignent les bonnes oreilles. Espérons donc qu'ils rejoignent leur public… En dehors des considérations d'un succès qui évite parfois des formations un peu trop avant-gardistes, ce trio a tout pour plaire : ce sont des musiciens chevronnés qui semblent s'écarter des compromis pour enfin rejoindre leurs sensibilités profondes. Nées d'improvisations, ces compositions ont trouvé leur cohérence et rejoignent le but avoué de Joy As A Toy : « Créer une musique qui secoue, un transmetteur d'ondes positives ». Plus qu'à attendre l'album…

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Post? par Nicolas